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CHAPITRE VI
LA DERNIÈRE MANIÈRE DE VICTOR HUGO

En raison même de leur nature, si c’était surtout contre Musset ou Lamartine, c’était aussi contre Hugo, et à son détriment, que s’étaient exercées des influences comme celles de Vigny et de Baudelaire. Non qu’il n’y eût beaucoup de Hugo dans Les Fleurs du mal, et que sa trace n’y fût sensible dans le mouvement du rythme, et dans le réalisme de l’exécution : mais elle y est fondue à bien des nouveautés.

Il semblait d’ailleurs, depuis les événements de 1848 et de 1852 que, comme Lamartine, Hugo resté dix ans, douze ans même sans publier de vers, eût renoncé à la poésie pour la politique, lorsque coup sur coup parurent Les Châtiments (1853), Les Contemplations (1856), La Légende des siècles (1859), les Chansons des rues et des bois (1865). Il était impossible qu’une pareille avalanche de vers, s’opposant à la maigreur et à la rareté de la production poétique des autres auteurs, ne lit contraste, n’absorbât pas ou du moins ne fît reculer leur influence, et que la splendeur de quelques pages, jointe elle-même