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222 HISTOIRE ET LITTÉRATURE.

niverselle monarchie qui troublera l'imagination de Napoléon n'est autre que celui qui, pendant dix siècles, avait obstinément hanté l'imagination de nos rois. Déjà, sous Philippe le Bel, un de ces lé- gistes dont les successeurs devaient jouer un si grand rôle — trop souvent oublié — dans l'histoire de la Révolution, Pierre du Bois, voyait la couronne im- périale rendue héréditaire dans la maison de France. Aux élecleiirs dépossédés de leurs privilèges d'cu":- pire, il proposait déjà de donner, pour les apaiser, des territoires et de l'argent à prendre sur les do- maines de l'Eglise en Allemagne. Et, pour achever la ressemblance, quand iXapoIéon, désespérant d'en triompher autrement, ne craindra pas de faire empri- sonner un pape à Fontainebleau, que fera-il qu'imiter kl violence dont un seul homme avant lui s'était rendu coupable? et ce seul homme était un roi de France. Mais nous reviendrons sur ce point tout à l'heure, ei; c'est assez si nous avons montré, comme nous le disions, que dans ses plus audacieuses conceptions politiques, la Révolution n'a rien innové qui ne suivît, après tout, des précédents les plus fameux que lui léguait l'ancienne monarcliie. C'est une question de savoir si, pour faire tout ce que l'on peut, il ne serait pas utile de tenter plus que l'on ne peut. En réalité, l'ambition de nos rois avait guidé leur politique au mieux des intérêts français. Si la France n'avait pas pu prendre pied en Italie, ûi François I" ou Louis XIV devenir empereur