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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/218

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nous ne discutons pas, et nous nous défendons d’aborder le fond de la question. Si c’est la famille ou si c’est l’individu qui doit être considéré comme la « cellule » primitive de l’organisme social, les romans de Balzac n’apportent aucun argument dans l’un ou dans l’autre sens. Nous n’avons pas davantage à nous étendre en considérations sur le droit d’aînesse, ou sur nos lois successorales, puisque Balzac, dans ses récits, n’a jamais traité l’un et l’autre sujet que par manière de digression. Mais tout ce qu’il suffit de dire, c’est que, si la dissociation des anciennes coutumes familiales est en partie l’œuvre du temps, sans aucun doute, mais en partie aussi l’œuvre de la Révolution française, nul ne l’a mieux vu que Balzac ; et sa Comédie humaine est comme imprégnée de cette conviction. Il a le nouvel individualisme en haine, et, en un certain sens, contre ce grand ennemi de toute abnégation, comme de tout esprit de solidarité, son œuvre n’est qu’une espèce de réquisitoire, ou plutôt de croisade. C’est en quoi je la tiens pour éminemment sociale. Elle ramène constamment sous le regard de notre attention ce problème social entre tous, de l’organisation