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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/22

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pas que nous remontions jusqu’à l’Odyssée, — dataient, dans la littérature européenne, du Gil Blas de Le Sage, et, par delà Le Sage, de cette veine espagnole du roman picaresque, qui s’était ouverte avec le Lazarille de Tormes [1554] et tarie avec le Marcos d’Obregon [1648]. Il consiste essentiellement dans le récit d’aventures dont le narrateur a commencé par être le héros, et ces aventures ayant moins pour objet de mettre ses qualités ou ses vertus en lumière, que de retracer le dessein d’une vie humaine, et la fortune plus ou moins singulière d’une condition privée.

« L’histoire, a-t-on dit de nos jours, — et le mot passe la portée des frères de Goncourt, qui l’ont dit, — est du roman qui a été ; le roman est de l’histoire qui aurait pu être. »

On ne s’en rend compte nulle part mieux que dans le Gil Blas de Le Sage, à moins que ce ne fût dans les Mémoires de d’Artagnan, de Courtils de Sandras, un de ses contemporains. Rendons à chacun ce qui lui est dû, et faisons honneur à ce pauvre diable d’avoir mis au monde les personnages fameux d’Athos, d’Aramis et de Porthos ! Mais ce que n’a pas vu Cour-