Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« pères nobles » et les mêmes « jeunes premiers », les mêmes « ingénues » et les mêmes « coquettes ». La peinture des mœurs ne consistait qu’à les habiller, selon l’occasion, en « amiraux » ou en « magistrats », en « grandes dames » ou en « femmes du monde », en préfets ou en banquiers, et, pour les caractères, il semblait qu’on s’en remît aux acteurs de leur donner quelque consistance en leur prêtant leur personnalité. Ce qui se ramène à dire que le théâtre était devenu un art sui generis, ou plutôt un jeu, qui avait ses règles à lui, comme le trictrac ou les échecs, dont les « pions », toujours les mêmes, ne différaient d’une partie à une autre que par leur position ; un art, où le triomphe était d’accumuler les difficultés pour avoir l’honneur d’en sortir ; et un art, qui, moyennant cela, pouvait non pas tout à fait se passer, mais se contenter d’un minimum d’observation, d’intérêt humain, et de style. Je n’appelle pas un « intérêt humain », de savoir si Raoul, qui est quelconque, épousera Valentine, ou si Emmanuel, qui n’est personne, dénouera « les chaînes de fleurs » qui l’attachent à Valérie. Êtes-vous