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Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/28

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elle pas plus originale encore, si j’avais pu me développer plus librement, c’est-à-dire dans un monde où les conventions ne fussent pas un constant et perpétuel obstacle à la libre expansion du Moi ! » Ainsi s’expriment et vont s’exprimer tour à tour Werther [1774], René [1802], Delphine [1802], Corinne [1807], Adolphe [1816], Indiana [1831], Valentine [1832], l’Amaury de Volupté [1833] ; — et, sous l’influence du romantisme, le roman personnel va devenir l’apothéose du Moi.

On sait que le « romantisme » consiste essentiellement dans cette apothéose. On sait aussi que, sans aller jusqu’à l’apothéose, l’exaltation du Moi par lui-même est en tout temps le principe du « lyrisme ». C’est l’explication du caractère universellement lyrique de la littérature romantique, en Angleterre comme en France, en Italie comme en Allemagne ! Mais par là s’explique aussi la déviation du roman personnel, et comment, — par quelle oscillation d’une égale amplitude, — autant que, de 1715 à 1760, il s’était approché de la définition générale du roman, autant, de 1760 à 1820, il s’en est écarté.