Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/283

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infini de bons styles : il y en a autant que de siècles, de nations, et de grands esprits ». Suivait alors une citation, « la description d’une journée et d’un bouquet », que Taine empruntait au Lys dans la Vallée, — mais en omettant de dire que Balzac n’a pas beaucoup de pages de cette beauté ni de cet éclat, — et il terminait sur ce point, en disant : « La poésie orientale n’a rien de plus éblouissant, ni de plus magnifique ; c’est un luxe et un enivrement ; on nage dans un ciel de parfums et de lumières, et toutes les voluptés des jours d’été entrent dans les sens et dans le cœur, tressaillantes et bourdonnantes comme un essaim de papillons diaprés. Évidemment cet homme, quoi qu’on ait dit et quoi qu’il ait fait, savait sa langue ; même, il la savait aussi bien que personne, seulement il l’employait à sa façon. » On n’a jamais fait de plus bel éloge du « style de Balzac » ; et nous-mêmes, faut-il l’avouer, après un demi-siècle écoulé, nous n’y voudrions pas souscrire sans faire quelques réserves. Ce n’est pas encore ici le lieu de les exprimer, et nous nous bornons à constater que, sur cette question du style, où la critique universitaire a toujours affecté