Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/304

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qui existait cependant ; et dont on aimerait que le génie de Balzac eût pressenti la prochaine importance, puisque George Sand, entre les mêmes années 1830 et 1850, l’a bien vue. C’est un aspect de la question sociale qui semble avoir échappé à Balzac. Je ne trouve encore que bien peu d’ « avocats », et de « professeurs », dans les récits du grand romancier, quoique pourtant, si je ne me trompe, l’envahissement de la vie publique par le professeur, — Guizot, Cousin, Villemain, Jouffroy, Saint-Marc-Girardin, Nisard, — et par l’avocat — Berryer, les Dupin, Garnier-Pagès, Marie, Bethmont, Ledru-Rollin, soit un des traits caractéristiques du gouvernement de Juillet. Mais, en revanche, les hommes d’affaires, — notaires, avoués, banquiers, prêteurs sur gages ou à la petite semaine, usuriers et escompteurs, — ne tiennent-ils pas un peu plus de place dans la Comédie humaine qu’ils n’en ont occupé dans la réalité de ce temps ? C’est donc, en ce cas, que Balzac, tout « impersonnel » qu’il soit, n’en aurait pas moins mis un peu trop de lui-même, et de l’histoire de sa vie, dans son œuvre ! On en peut citer un exemple dans son