Page:Brunetière - Honoré de Balzac, 1906.djvu/330

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tient pas de juger, et qu’aussi ne nommons-nous qu’avec un peu d’hésitation. Les hommes de science nous diront un jour lequel de ces quatre grands hommes, à moins que ce ne soit un cinquième, a opéré dans la conception que nous nous formons du monde la révolution la plus profonde et la plus étendue. J’hésiterais moins, si j’étais Anglais ; — et je nominerais Charles Darwin !

Mais, pour nos Français, je le répète, je n’en vois pas dont l’influence ait été plus active que celle de Balzac, ni qui soit encore aujourd’hui plus « actuelle », ni qui doive, sans doute, en raison de son caractère d’universalité, s’exercer plus longtemps !

Je n’exprime point ici de préférences, et surtout je ne donne pas de rangs ! Je ne fais que des constatations. Chacun de nous garde aussi le droit de préférer, s’il lui plaît, le poète inspiré des Méditations, si naturel, — naturel jusqu’à la négligence, — au poète laborieux et déjà tourmenté des Orientales et des Feuilles d’automne. Combien encore dans les Nuits de Musset, la passion n’est-elle pas plus sincère que dans les poésies amoureuses d’Hugo ! Et combien la pen-