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Page:Brunetière - L’Évolution de la poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle, t2, 1906.djvu/171

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M. LECONTE DE LISLE

et s’il y a d’autres attitudes, — plus suppliantes, en quelque sorte, — je n’en sache pas, quant à moi, de plus noble, ni qui réponde à une conception plus élevée de l’art.

II


Quelle est cependant, Messieurs, cette conception de l’art ? et en quoi dirons-nous qu’elle diffère de celle de Gautier par exemple, ou de celle de Vigny ? C’est ici la question des rapports de la science ou de la poésie, question difficile entre toutes, et question controversée. En la résolvant d’une manière originale, et qu’il semble que l’on n’ait pas généralement comprise, — je puis bien le dire, s’il fut un temps où moi-même je ne l’entendais pas, — essayons de voir comment l’auteur des Poèmes barbares l’a dégagée du milieu des obscurités qui l’enveloppaient et posée comme il faudra désormais qu’on la pose pour la discuter utilement.

Car vous pensez bien qu’il ne s’est agi ni pour lui, ni pour aucun de ceux qui croient cette alliance possible et désirable, de mettre en vers, comme on faisait il y a cent ans, à la manière de l’abbé Delille, les Trois règnes de la nature, la magnésie, le café, le sucre de canne...

...........................ce miel américain
Que du suc des roseaux exprima l’Africain,