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Page:Brunetière - L’Évolution de la poésie lyrique en France au dix-neuvième siècle, t2, 1906.djvu/186

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L’ÉVOLUTION DE LA POÉSIE LYRIQUE


Vous rappellerai-je là-dessus, Messieurs, quelle et qui fut Hypatie ? de quelle alliance ensemble de la « Science » et de la « Beauté », son nom demeure le symbole ? Elle était belle du reflet de la « Science » en elle, et la science s’éclairait par elle de l’illumination de la M Beauté ». Sa beauté persuadait les choses qu’elle disait, mais les choses qu’elle disait renouvelaient sa beauté.

Le souffle de Platon dans le corps d’Aphrodite !

C’est l’idéal même du poète ; et si vous songez qu’autrefois, — avant qu’il eût demandé d’autres inspirations aux religions de l’Inde, — le volume des Poèmes antiques s’ouvrait, comme je vous le disais, par cette invocation à la vierge d’Alexandrie, vous y verrez sans doute ce que l’on pourrait appeler une déclaration de principes. La science et la poésie ne sont pas la même chose, mais elles ont les mêmes racines dans les profondeurs de l’esprit ; quelque chose donc de commun entre elles ; et, de mettre en lumière, par les moyens qui lui sont propres, ces affinités secrètes ou cette parenté primitive, c’est une des fonctions de l’art[1], si même ce n’en est la fin.

  1. « À l’antique mythologie, dit à ce propos Th. Gautier, le poète moderne mêle les interprétations platoniciennes et les Alexandrins. Il retrouve sous les fables du paganisme les idées primitives oubliées de là, et comme l’empereur Julien il le ramène à ses origines. Il est parfois plus Grec que la Grèce et son orthodoxie païenne ferait croire qu’il a été, ainsi qu’Eschyle, initié aux mystères d’Éleusis. »

    D’une autre manière, moins imagée, mais plus générale,