des Oliviers. Mais, de tous ces éléments contradictoires
et en apparence ennemis, dont les affinités entre
eux, très secrètes, si elles sont très réelles, avaient
comme échappé jusqu’alors à la poésie ou à la critique
même, combinés dans ses vers, mêlés ensemble,
fondus en un, Baudelaire n’a pas moins dégagé
quelque chose d’absolument original, et les Fleurs
du mal, — on peut m’en croire, si je l’avoue, — n’en
composent pas moins un livre unique dans la littérature
française.
Là est le secret de son influence, comme aussi de l’intérêt qu’il faut bien que l’on prenne à son œuvre. L’œuvre forme un anneau de la chaîne des temps. C’est ce que l’on ne pourrait pas dire des Odes funambulescques de Théodore de Banville, des Fossiles de Louis Bouilhet, ou des poésies décidément trop vantées de madame Ackermann. Mais l’influence dure encore, et, pour la retrouver partout, il ne faut que jeter un coup d’œil sur la littérature contemporaine.
C’est ainsi que Baudelaire a certainement « ajouté des forces à la poésie française » ; il en a, selon son expression, « agrandi le répertoire » ; et, par exemple, s’il n’a pas inventé la poésie des odeurs, il a su du moins lui donner une place et une importance toute nouvelle, — une importance légitime et une place durable, — dans l’art encore alors tout musical, plastique, ou pittoresque des Lamartine, des Hugo, des Gautier :