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Page:Brunetière - Nouveaux essais sur la littérature contemporaine, 1897.djvu/167

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LECONTE DE LISLE




Lorsque le directeur de la Contemporavy Review m’a demandé de parler à ses lecteurs du grand poète que nous venons de perdre, j’achevais précisément de revoir la « Leçon » que je lui avais consacrée dans mon Cours sur l’Évolution de la poésie lyrique au XIXe siècle, il vivait encore à l’époque où je faisais cette leçon ! et, certes, nous ne nous attendions guère qu’il dût nous quitter sitôt. J’avais d’ailleurs parlé de son œuvre avec une entière liberté, comme aussi bien il est toujours facile de le faire quand on parle de ceux qui n’ont mis dans leur œuvre que le moins qu’ils pouvaient d’eux-mêmes. C’est leur juste récompense de n’avoir exprimé que ce qu’ils ont cru pouvoir réaliser, selon le beau mot du philosophe, sous « l’aspect de l’éternité ». Ayant fait de la vie deux parts, dont ils ont abandonné l’une, la plus extérieure, au courant rapide et changeant de l’actualité, mais dont ils avaient secrètement engagé l’autre