Page:Brunetière - Nouveaux essais sur la littérature contemporaine, 1897.djvu/172

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Mais ce qui suivait, était plus clair encore :


Tu n’es pas Aphrodite, au bercement de l’onde,
Sur ta conijue d’azur posant un pied neigeux
Tandis qu’autour de toi, vision rose et blonde.
Volent les Rires d’or, avec l’essaim des Jeux.

Tu n’es pas Kythérée, en ta pose assouplie,
Parfumant de baisers l’Adonis bienheureux,
Et n’ayant pour témoins, sur le rameau qui plie,
Que colombes d’albâtre et ramiers amoureux.

Et tu n’es pas la Muse aux lèvres éloquentes,
La pudique Vénus, ni la molle Astarté
Qui le front couronné de roses et d’acanthes
Sur un lit de lotos se meurt de volupté.


Et plus loin encore :


Îles, séjour des dieux ! Hellas, mère sacrée.
Oh ! que ne suis-je né dans le saint archipel
Aux siècles glorieux où la Terre inspirée
Voyait le Ciel descendre à son premier appel.


On ne pouvait pas déclarer plus ouvertement la guerre au romantisme ; se mettre plus résolument du côté de ces « classiques » dont il croyait avoir pour jamais renversé les autels ; s’inscrire plus hardiment en faux, pour ainsi parler, contre le Génie du christianisme ; et renouer plus délibérément la tradition de Chénier, de Racine, de Ronsard.

C’est qu’à vrai dire, nous le voyons bien aujourd’hui, ce que le romantisme avait le moins senti, c’était la beauté, qu’il avait même niée, — dans la Préface de Cromwell ; — et à la réalisation de laquelle, comme objet ou comme fin de l’art, il avait substitué