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Page:Brunetière - Nouveaux essais sur la littérature contemporaine, 1897.djvu/193

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connaissance des causes permanentes et génératrices desquelles son être et celui de ses pareils dépendent, l’homme a deux voies : la première, qui est la science, par laquelle, dégageant les causes et les lois fondamentales, il les exprime en formules exactes et en termes abstraits ; la seconde, qui est l’art, par laquelle il manifeste ces causes et ces lois fondamentales d’une façon sensible, en s’adressant, non seulement à la raison, mais au cœur et aux sens de l’homme le plus ordinaire ». Ôtez seulement ce « plus ordinaire », sur lequel on pourrait parler longtemps : n’est-ce pas la même idée que Leconte de Lisle exprimait tout à l’heure ? Et si l’on voulait enfin un « commentaire perpétuel » du sens le plus intérieur de ses principales œuvres, on n’en trouverait assurément ni de plus abondant, ni de plus instructif, ni de plus naturellement improvisé que la Correspondance de Gustave Flaubert. Il serait d’ailleurs bien plus élogieux encore, si Flaubert, dans le secret de son cœur, n’avait réservé à son ami Louis Bouilhet, — l’auteur des Fossiles et de Melœnis, — le rôle qu’allait prendre, sans l’avoir cherché, celui des Poèmes antiques.

Ces indications rapides peuvent sans doute suffire. On était lassé des exagérations du romantisme finissant, et de toutes parts, dans tous les genres, au théâtre même, on attendait alors, entre 1850 et 1860 — car il faut un peu laisser ici flotter les dates — ce que Pascal appelle « un renversement du pour au contre ». L’école du bon sens y avait plutôt échoué,