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Page:Brunetière - Nouveaux essais sur la littérature contemporaine, 1897.djvu/307

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DISCOURS DE RÉCETTION A L’aCADÉMIE FRANÇAISE PRONONCÉ LE 15 FÉVRIER 1S94 Messieurs, Si la franchise était un jour bannie du reste de la terre, il serait beau pour vous qu’elle se retrouvât dans les dis- cours académiques. Je ne m’étonnerai donc pas de me voir parmi vous, puisqu’on ne s’y voit point sans l’avoir demandé; je ne m’excuserai pas de mon peu de mérite, j’aurais l’air de vouloir déprécier votre choix; et enfin, et surtout, je ne dissimulerai pas la satisfaction profonde que j’éprouve à vous remercier de l’honneur que vous m’avez fait en m’accueillant dans votre Compagnie. Vous représentez, en effet, messieurs, le pouvoir de l’esprit; vous êtes la tradition littéraire vivante; et si la langue, la littérature, les chefs-d’œuvre de la prose et de la poésie d’un grand peuple expriment peut-être ce que son génie national a de plus intérieur et de plus universel à la fois, c’est vous qui, depuis plus de deux siècles passés, en ayant reçu le dépôt, l’avez, — de Corneille à Racine, de Bossuet à Voltaire, de Chateaubriand à Hugo, — reli- gieusement conservé, transmis, et enrichi. Le Français qui le dit n’apprend rien à l’étranger : je serais heuicux qu’il le rappelât à quelques Français qui l’ont trop oublié. Dans la faible mesure où le zèle et l’application d’un .