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Page:Brunetière - Questions de critique, 1897.djvu/228

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218 QUESTIONS DE CRITIQUE de l’espèce de déformation ou de mutilation d’elle- mêm.e qu’exige toujours une idée pour être traduite par des mots, nous connaissons aujourd’hui le secret de tous les styles, et, pour preuve, au besoin, nous les reproduisons. Vous plaît-il du Victor Hugo? nous en tenons boutique; du Lamartine? du Vigny? du iMusset? tout de même, avec la différence que nous Irimons mieux qu’eux. » Ce sera donc uniquement à l’auteur que nous pren- drons intérêt dans son œuvre; à l’image de lui-même empreinte, et momentanément réalisée dans son œuvre; à « l’état d’âme », — c’est le mot à la mode, — que sa façon d’écrire ou de penser nous révèle, à l’exemplaire enfin plus ou moins original qu’il nous offre en sa personne de cette mobile, complexe et on- doyante humanité. Dans cet océan d’incertitude, où nous ne flottons qu’un jour, que faut-il davantage? Quoi de plus amusant? ou de plus propre à nous dis- traire du mal ou de l’ennui de vivre? et puisqu’enfin nos plaisirs sont la seule certitude que nous ayons en notre pouvoir, en est-il de moins grossiers, de plus détachés de la matière, et, conséquemment, de plus nobles? » On conçoit aisément que ces doctrines aient fait fortune; car elles sont si commodes! Ceux qui font métier d’écrire, avez-vous remarqué qu’elles les dis- pensent d’abord d’étude et de travail ? En effet, quoi qu’ils écrivent et quelque sujet qu’ils traitent, ce qu’ils sont, ils le seront toujours, mais jamais autant I