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Page:Brunetière - Questions de critique, 1897.djvu/247

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LA LITTÉRATURE PERSONNELLE 237 jadis les sentiments et les pensées, Thomme réel, agissant et vivant nous le dissimule aujourd’hui si profondément qu’en vérité il est devenu une pure abstraction. Nous avons Tair d’abord de nous ressem bler davantage, mais, au fond, sous l’apparente uni- formité du costume, il suffit d’un coup d’œil pour démêler mille nuances. Au moral encore plus qu’au physique peut-être, le type a cessé d’exister, il n’y a p jjis que des individus. Pour ce motif, si l’on me permet de me servir de cette expression, le problème de la littérature gé- nérale est devenu tout autre et la méthode en quelque sorte inverse. La connaissance ou la science’ de l’individu, voilà désormais l’objet de la littérature, et en particulier du roman, et, pour y parvenir, au lieu de sortir de soi, c’est en soi qu’il faut s’enfermer y et soi seul qu’il faut étudier. Moins nous nous res-/ semblons, plus il nous est difficile d’entrer dans l’âme des autres; il n’y a presque plus de commune mesure ; et comme d’ailleurs la connaissance de l’homme ne laisse pas d’être toujours ce qu’il y a d’important pour l’homme, nous n’y réussirons qu’en nous confessant nous-mêmes et en invitant les autres a en faire autant. Une confession ou une expression sincère de soi- même, tel sera donc désormais l’objet de quiconque écrira. Nous connaissons assez l’homme général, et si nous ne le connaissons pas, nous n’avons qu’à ou- vrir un traité de psychologie : il y est dépeint graphi-