Page:Bruno Destrée - Les Préraphaélites, 1894.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette âme qui avec ses lèvres et ses yeux, s’accorde et se marie,
comme la musique avec l’air répondant énamouré.
Combien j’aurais voulu l’observer, alors qu’à quelque chère pensée
son sein se pressait plus étroitement contre l’écriture
et que le secret de son cœur apparaissait dans son cœur ;
alors que ses yeux un instant levés, son âme cherchait
mon âme, et par cette soudaine rencontre, trouvait
les mots qui rendirent son amour de tous le plus désirable.


LES CHARMES


Une grâce hautaine, douaire des reines ; avec en même temps
la douce simplicité d’une merveille née dans les bois,
un regard pareil à une nappe d’eau réfléchissant le ciel,
ou bien la lumière des jacinthes, dans l’ombre de la forêt ;
cette pénétrante pâleur des joues, qui trouble
le cœur ; une bouche dont la forme passionnée fait pressentir
toute la musique et tout le silence qui y sont contenus ;
d’opulentes boucles blondes, sa souveraine couronne ;
un col rond et altier, colonne parfaite du temple de l’Amour
fait pour être enlacé, lorsque le cœur élit son sanctuaire ;
des mains pour toujours au service de l’Amour
et des pieds au doux mouvement, répondant aussi à son appel,
tels sont ses charmes pour autant que la langue puisse les dire.
Et soupire son nom à voix basse, ô mon âme, car celui-ci les dépasse tous.

50