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CHAPITRE V


LE FRANÇAIS ET LES PETITES ÉCOLES



Les écoles au xviie siècle. — À l’époque des grandes luttes scolaires de la fin du XIXe siècle, on a fait, sur l’état de l’instruction pendant l’ancien régime, des enquêtes très nombreuses, et qui ont singulièrement enrichi la collection des documents dont on disposait jusqu’alors. J’ai lu à peu près tous les livres et articles, imprimés ou manuscrits, qu’a pu réunir le Musée Pédagogique. Et la collection est énorme. Certaines de ces études sont vraiment historiques et impartiales, les autres, le plus grand nombre, sont tendancieuses ; une grande quantité d’auteurs n’ont cherché qu’à réhabiliter l’Eglise et à prouver qu’elle n’avait jamais oublié la parole : « Ite et docete. » Je n’ai point à discuter ici cette question trop générale. Assurément les mandements, ordonnances, lettres épiscopales au sujet de l’instruction publique ne manquent pas ; ils sont même trop nombreux, car on est en droit de supposer qu’ils étaient peu observés, sinon ils n’auraient pas eu besoin d’être si souvent renouvelés. Un fait est hors de doute : en général, il y a eu au xviie siècle des écoles un peu partout. Encore faut-il observer que l’état des diverses provinces ecclésiastiques différait fortement sous ce rapport, et que dans une même province, on constate des faits contradictoires[1]. Pour Paris, si la question n’a pas encore été traitée dans son ensemble, nous avons du moins une excellente étude sur les Écoles de Charité, que M. Fosseyeux vient de publier[2].

La principale difficulté, c’est que, dans la plupart des cas, nous

  1. Ainsi, il résulte d’une étude très consciencieuse et très complète, que dans le diocèse d’Autun, une localité telle qu’Ouroux avec 1000 habitants n’avait point encore d’école en 1687 (Anat. de Charmasse, État de l’Instruction primaire dans l’ancien diocèse d’Autun, 8, Mus. péd., no 2044). Et cependant, d’après la même étude, pour 383 paroisses, on comptait en 1652, 295 écoles. Pour qu’il y eût une école de filles et une école de garçons par paroisse (les deux étaient obligatoirement séparées), il en eût fallu 766. Il n’en manquait que 471. C’était un pays favorisé, car peut-être, malgré les canons, un certain nombre des 295 écoles existantes étaient-elles mixtes.
  2. Les Ecoles de Charité à Paris sous l’ancien régime et dans la première partie du xixe siècle. Thèse complre, Paris 1912. Une bibliographie très complète se trouve en tête du volume.