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Des Yvetoaiix voit dans son style le dernier terme de révolution poétique, en lui le maître suprême qui :

Ny trop près de la fin ni du commencement Seul quand et la fureur a eu le jugement.

et seul a trouvé :

Ces paroles d’amour qu’Amour a révélées,

Plus pures que les lis qui croissent es vallées (1).

Du Perron est plus lyrique encore :

Soleil des beaux esprits, lumière claire et sainte Des autres tans l’envie et du sien Tornement, Qui fait luire son siècle et voile obscurément Tout le passé de honte et l’avenir de crainte, Qui seule monstre plus en effet de sçavoir Que n’a fait, ny fera nulle autre en apparence De ce que Ton a veu, de ce qui reste à voir Toute l’expérience et toute l’espérance ! (2)

Sainte-Marthe compare son ami à Virgile :

Des-Portes, quand le temps, qui toute chose enracine

L’usage du François aura tout aboly.

Par le même Destin, qui rend ensevely

Et l’usage du Grec et la langue Romaine.

On verra ton ouvrage une vive fontaine

Où ceux-là puiseront, qui pour vaincre l’oubly,

Apprendront en lisant ce langage accomply

Dont aujourd’hui ta voix est l’es colle certaine

Ils trouveront chez toy cette naïfveté

Qui sçait bien la douceur joindre à la gravité,

Et diront en voyant tes rythmes si faciles ;

Il parait bien qu’alors que ce Poëte es cri voit,

Un Prince tel qu’Auguste en la France vivoit,

Puis-qu’il fit de son temps renaistre des Virgiles. (3j

(1) Desp. éd. Micli. p. 8 et 9.

(2)76. 178.

(3) Ste Marthe. Bocage de son., p. 121