Page:Brunschvicg - L'expérience humaine et la causalité physique, 1922.djvu/35

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principale cause du mouvement du bras ; — et d’autres choses semblables, parce qu’il arrive toujours qu’une boule est agitée lorsqu’elle est rencontrée par une autre qui la choque, que nos bras sont remués presque toutes les fois que nous le voulons, et que nous ne voyons point sensiblement quelle autre chose pourrait être la cause de ces mouvements. » (Recherche, III, 2e part., 3.)

La croyance à la causalité a donc pour fondement ce qu’on a pris l’habitude, assez malheureuse, d’appeler association d’idées. Un tel fondement, pris en lui-même, est ruineux ; car, si dans les cas que Malebranche vient de rappeler, elle correspond à une succession régulière et qui exprime les volontés générales du Créateur, l’erreur n’en a pas moins sa source naturelle dans l’association d’idées : « Il arrive, par exemple, une comète, et après cette comète, un prince meurt ; — des poires sont exposées à la Lune, et elles sont mangées des vers ; — le Soleil est joint avec Mars dans la nativité d’un enfant, et il lui arrive quelque chose d’extraordinaire. Cela suffit à beaucoup de gens pour se persuader que la comète, la Lune, la conjonction du Soleil avec Mars sont les causes des effets que l’on vient de marquer, et des autres même qui leur ressemblent. » (Ibid.)