CHAPITRE XVII
LE NATURALISME STOÏCIEN
78. — L’époque du stoïcisme est celle où la philosophie achève de revêtir l’appareil dogmatique qui est propre à la tradition des Écoles. Chaque point de renseignement est fixé dans une formule précise, et la cohérence des formules est l’objet d’un examen méthodique qui le fait rentrer dans l’unité d’un système. En particulier, la physique est liée à la logique, et la refonte de la notion de causalité sera parallèle au remaniement de la théorie du syllogisme. En un sens donc, le stoïcisme prend son point de départ chez Aristote. Déjà, en effet, Aristote avait commencé de rendre une place à la réalité concrète de l’individu que Platon paraissait avoir sacrifiée à la considération de l’Idée en tant que telle. C’est cette tendance que les Stoïciens poussent à sa dernière conséquence. Ils rompent au profit de l’individu [1] l’équilibre fragile qu’Aristote avait cherché à conserver entre le sujet particulier de l’existence et la définition spécifique de l’essence, entre Callias et l’humanité. En cela, ils rejoignent l’inspiration profonde d’où leur doctrine procédait, l’esprit de cette école cynique, qu’Antisthène avait fondée, en appuyant sa méthode sur une critique nominaliste du platonisme [2]. On peut dire que, d’une façon générale, les Stoïciens ont transporté les principes du cynisme dans les cadres de la logique et de la physique d’Aristote, transformant ainsi la portée d’une doctrine dont ils se plaisaient à respecter l’aspect extérieur et la terminologie.
La logique stoïcienne est du type syllogistique. Mais le syllogisme parfait ne sera plus pour les héritiers du cynisme celui qui fait correspondre la quiddité au moyen terme. C’est