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dans l’évolution des idées

symétrique de celle de la terre et qui, par conséquent, se dérobe toujours à notre regard.

Pure fantaisie assurément, et il semble que les érudits qui ont travaillé pour débrouiller les témoignages disparates et confus qui nous ont été transmis de la cosmologie pythagoricienne, restent très loin de l’avenir humain. Et pourtant cette hardiesse spéculative des Pythagoriciens aura sa récompense. Nous n’avons qu’à ouvrir le livre qui marque la séparation du moyen âge et des temps modernes, qui renouvelle dans l’idée même de son principe le rapport de l’homme au monde et par suite à Dieu, le livre auquel demeure suspendue toute la spiritualité de notre civilisation, le Traité de la Révolution des Orbes célestes, et nous y trouverons les déclarations les plus précieuses pour le sujet qui nous a été proposé.

Copernic écrit : « Je pris la peine de lire les livres de tous les philosophes que je pus obtenir, pour rechercher si quelqu’un avait jamais pensé que les mouvements des sphères célestes sont autres que ceux qu’admettent ceux qui ont enseigné les mathématiques dans les écoles et j’ai trouvé d’abord que Nicetus (ou plutôt Hicetas, qui se rattache à l’École de Pythagore) soutenait que la terre se mouvait. » Et Copernic cite encore Plutarque : « Philolaus, le Pythagoricien, dit qu’elle se meut autour du feu en un cercle oblique, de même que le soleil. Partant de là, j’ai commencé, moi aussi, à penser à la mobilité de la terre. »