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le rôle du pythagorisme

qu’au moment où nous voyons la secte se reformer sous la direction de Nigidius Figulus, contemporain et ami de Cicéron.

Une bonne fortune a voulu qu’en 1917 l’affaissement du ballast sur la ligne de Rome à Naples ait donné l’occasion d’explorer une basilique souterraine dont nul document ne permettait de soupçonner l’existence, et qui a rencontré immédiatement des archéologues et des historiens capables de mettre en pleine lumière la portée exceptionnelle de la découverte. Résumant, critiquant et complètant leurs travaux, M. Carcopino a consacré un ouvrage admirable de style et de pensée à l’exégèse de la décoration, déconcertante de richesse et de variété, qui orne cette basilique de la Porte Majeure. En sa conclusion il y voit « la preuve irrécusable et péremptoire que la religion de Pythagore possédait dans la Rome Impériale du règne de Claude une église avec tout ce que ce mot comporte de piété et de discipline, d’effusion mystique et d’organisation matérielle, de dogmes et de symboles, d’enthousiasme et de liturgie ».

Seulement dans cette religion de Pythagore nous serions bien embarrassés de dire quelle part revient en propre au pythagorisme. Quand nous cherchons, en serrant de près les témoignages, à préciser le lien du culte néo-pythagoricien à la doctrine primitive, nous n’avons plus devant nous, comme le dit M. Isidore Lévy au terme d’une enquête irréprochable, qu’un champ de ruines.

Les cultes de mystère qui, à cette époque, se disputent l’avenir ont des marques de fabrique différentes ; mais, comme il n’arrive que trop souvent dans le commerce, cela n’empêche nullement que le procédé de fabrication soit identique. C’est toujours sur la divinisation d’un homme qu’elles font reposer une espérance privilégiée d’immortalité bienheureuse ; et au profit de cet homme elles font converger tout ce que légendes et traditions peuvent offrir d’appui à la crédulité humaine.

Le néo-pythagorisme n’a pas dérogé à la règle, s’ingéniant sans trêve, comme dit précisément M. Carcopino,