Page:Buckingham - Tableau pittoresque de l’Inde.djvu/22

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de Bonne-Espérance, craignant que la Compagnie des Indes n’y mît obstacle. Alors la guerre contre les Wéchabites occupait presque exclusivement l’attention de toute l’Égypte ; le pacha lui même fut obligé de se rendre sur le théâtre des hostilités : et les hommes auxquels il confia, en son absence, les rênes du gouvernement n’étaient pas, comme lui, capables d’apprécier la valeur de pareils travaux.

D’Alexandrie, j’allai au Caire, d’où je remontai le Nil, et pénétrai dans l’intérieur de la Nubie, au-delà des cataractes. Une ophthalmie dangereuse, l’une des maladies qui affligent l’Égypte, faillit me faire perdre la vue, et m’empêcha d’aller plus loin En redescendant le Nil, je m’arrêtai à Keneh, et traversai le désert pour gagner Kosseir, sur le rivage de la mer Rouge. Dans ce trajet, je rencontrai, vers le milieu des déserts, une troupe de soldats révoltés, qui avaient quitté l’armée égyptienne, et retournaient à Kosseir. Ils m’arrêtèrent, me dépouillèrent, et me laissèrent absolument nu dans le désert, à une distance de plus de soixante milles d’aucun endroit habité, où je pusse me procurer de l’eau ou de la nourriture. Le récit détaillé de ce voyage désastreux ferait à lui seul un volume. Qu’il me suffise de dire que je parvins à gagner Kosseir, dans l’état le plus déplorable ; et que, pour ajouter à mes souffrances, il me fallut revenir sur mes pas, et regagner Keneh sur le Nil, dans