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PAR LA CRÉATION DES RACES CARNIVORES.

Mais toutes les fois qu’un esprit plus large étudie les individus dans leurs rapports avec le bien général de leur propre espèce, et aussi des autres espèces qui lui sont associées dans la grande famille de la nature, il ramène bientôt tous les cas isolés, où le mal paraît se montrer, à servir d’exemple qui prouve combien tout est subordonné à un système dé bien-être universel.

Dans cette manière d’envisager les choses, non seulement la somme totale des jouissances auxquelles sont appelés les animaux s’est agrandie par la création des races carnivores, mais ces dernières sont une source de bienfaits même pour les races herbivores soumises à leur terrible domination.

Outre le bienfait si désirable d’une mort qui vient les saisir au moment où va commencer la maladie ou la caducité, il en est un autre encore dont sont redevables a l’existence des carnivores les espèces mêmes qui deviennent leur proie ; c’est la sorte de contrôle que ces derniers exercent sur leur accroissement excessif, en détruisant un grand nombre d’individus pleins de jeunesse et de vigueur. Sans ce frein salutaire, chaque espèce s’accroîtrait à un tel point que, bientôt arrivée à une exubérance funeste, elle ne trouverait plus à se nourrir, et que le groupe tout entier des herbivores désolé par le fléau de la famine ne se composerait plus que d’êtres dont chaque jour des milliers seraient enlevés par la mort lente et cruelle de la faim. Tout ces maux ont été prévenus par l’établissement du pouvoir destructeur des carnivores. Leur action contient chaque espèce dans des limites convenables. Les malades, ceux qui sont estropiés, où affaiblis par l’âge, ceux qui dépassent le nombre fixé dans les prévisions providentielles, sont immédiatement dévoués à la mort ; et en même temps qu’ils sont ainsi délivrés des maux qui les affligeaient, leurs cadavres servent de pâture aux carnivores leurs bienfaiteurs, et la place qu’ils laissent