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MÉGATHÉRIUM.


Conclusion.


Nous venons d’examiner en détail le squelette d’un mammifère énorme, dont chacun des os présente des particularités qui peuvent au premier coup d’œil sembler l’œuvre d’une combinaison grossière, mais dont le secret nous devient intelligible dès que nous les étudions dans leurs relations mutuelles et dans leurs rapports avec les fonctions que doit remplir l’animal auquel ils appartiennent.

Le mégathérium excède en volume tous les édentés actuellement existanss, ses plus proches voisins en organisation, beaucoup plus qu’aucun autre animal fossile ne dépasse les espèces vivantes qui lui correspondent. Il a la tête et les épaules du paresseux ; ses jambes et ses pieds offrent réunis les caractères des fourmiliers, des tatous et des chlamyphores ; et il avait probablement avec ces derniers un trait de ressemblance de plus dans l’existence d’une armure osseuse. Ses hanches

    creuser une habitation souterraine, tels que le blaireau, le renard et le lapin, mais qui viennent à la surface chercher leur nourriture, une armure défensive de cette nature n’eût pas été seulement sans utilité, mais elle eût même entraîné de graves inconvéniens.

    Les tatous et les chlamyphores sont les seuls mammifères connus qui soient revêtus d’une armure de plaques osseuses analogues à celles du mégathérium ; et le fait même que cette particularité d’organisation n’a été accordée qu’à ces quelques espèces suffit pour nous faire douter qu’elle ait eu pour unique fin de les protéger contre les animaux carnassiers et contre les insectes. Mais comme le tatou n’obtient sa nourriture qu’en fouillant le sol desséché et sablonneux des mêmes plaines qu’habitait jadis le mégathérium ; comme le chlamyphore passe sa vie presque entière dans des terriers creusés dans ce même sol, il est probable que la partie supérieure de leur corps reçoit de la cuirasse cette même protection contre le sable et la poussière dont nous avons parlé à propos du mégathérium. Les pangolins sont recouverts d’une armure de nature différente, composée d’écailles cornées mobiles, et dans la composition desquelles il n’entre aucune substance osseuse.