Page:Buckland - La Géologie et la Minéralogie dans leurs rapports avec la théologie naturelle, 1838, tome 1.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
SAURIENS MARINS.

sions, qu’il faut attribuer l’augmentation de puissance et d’élasticité qui s’y fait remarquer. Ce bras et cette main, convertis ainsi en un aviron élastique, et recouverts de leur peau, devaient ressembler beaucoup, pour leur apparence extérieure, aux rames sans doigts distincts du marsouin et de la baleine. Leur position à la partie antérieure du corps est aussi à peu près la même. Dans ces animaux on voyait en outre des extrémités ou nageoires postérieures qui manquent dans les cétacés, et qui remplaçaient probablement la queue aplatie et horizontale de ces derniers ; ces rames postérieures étaient de moitié plus petites que les antérieures[1].

M. Conybeare fait observer, avec la sagacité qui lui est ordinaire, que les motifs qui ont déterminé cette modification dans les proportions accoutumées des membres postérieurs chez les quadrupèdes en général, sont les mêmes auxquels on doit attribuer la diminution relative des mêmes parties chez les phoques et leur disparition complète chez les cétacés, et se trouvent dans la nécessité de placer le centre ou point d’application de l’action latérale des organes de locomotion au devant du centre de gravité. C’est pour la même raison que les ailes des oiseaux sont fixées à la partie antérieure du corps ; et, dans les vaisseaux ainsi que dans les bateaux à vapeur, le centre d’action des puissances motrices, soit qu’elles résident dans des voiles ou dans les roues à palettes, occupent, par rapport au centre de gravité, la même position. Dans les poissons, il est vrai, l’organe principal de locomotion, la queue, occupe l’extrémité postérieure du corps ; mais cet organe, par son mode spécial d’action, produit une force impulsive, un vis a tergo, et

  1. Chez l’ornithorhynque aussi, l’expansion membraneuse on palmure des pieds postérieurs est beaucoup moins étendue que celle des pieds antérieurs.