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LES DÉCOUVERTES GÉOLOGIQUES

jours, mais qu’elle y est arrivée par une série de créations distinctes qui se sont succédé durant des périodes consécutives d’une étendue considérable, mais parfaitement limitées entre elles ; que toutes les combinaisons actuelles de la matière avaient été précédées d’autres combinaisons, et que ses derniers atomes, dans toutes les transformations qu’ils ont subies, ont été régis par des lois tout aussi invariables et tout aussi régulières que celles qui tracent aux planètes leur route dans l’espace. Et combien tous ces résultats sont en harmonie avec nos sentimens les plus élevés, avec la conviction où nous sommes de la grandeur et de la bonté du créateur de cet univers ! Si donc des sources de certitude aussi importantes pour la théologie naturelle n’ont été admises qu’avec répugnance par des hommes animés d’un zèle sincère pour les intérêts de la religion, c’est que faute d’avoir pénétré assez avant dans les sciences physiques, et de les avoir sainement appréciées, ils avaient craint des contradictions entre les phénomènes naturels et l’histoire de la création telle que la Genèse nous la raconte.

En outre, de ce que les géologues n’ont pu jusqu’à présent s’entendre assez pour établir une théorie de la terre complète et incontestable ; et de ce que de vieilles opinions qui ne s’appuyaient que sur des matériaux sans valeur ont disparu devant des découvertes plus étendues, on a conclu qu’il n’y a rien de certain dans tout ce que l’on dit à ce sujet, et que toutes les déductions sur lesquelles cette science est fondée n’ont rien que d’indigeste et de purement conjectural : c’est s’armer contre la géologie d’un raisonnement faux et injuste. Tout homme de bonne foi conviendra que le temps n’est pas encore venu où une théorie de la terre parfaite puisse être établie d’une manière complète et définitive, parce que nous n’avons pas encore par devers nous tout l’ensemble de faits sur lequel elle doit un jour être basée : mais en attendant, nous possédons déjà