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POLYPIERS FOSSILES.

voisins de l’actinie commune ou anémone de mer de nos côtes[1]. Il en est quelques uns, tels que les caryophyllies[2], qui vivent isolés, et dont chaque individu se construit à lui-même une base et un support indépendant ; d’autres sont agrégés ou confluens, et vivent en commun sur une même base ou polypier, recouvert d’une mince couche gélatineuse, à la surface de laquelle sont disséminés les tentacules correspondant aux trous étoilés de la surface du polypier.

D’après Lesueur, qui les a observés dans les Indes occidentales, ces polypes, lorsqu’ils sont épanouis au fond de la mer, dans le calme des eaux, revêtent leurs demeures pierreuses d’une enveloppe nuancée des plus brillantes couleurs.

Leur corps gélatineux possède la faculté de sécréter le carbonate de chaux qui compose la base par où ils se fixent et les cellules où ils sont logés. Ces cellules calcaires ne persistent pas seulement pendant la vie des polypes qui les ont sécrétés, mais leur composition chimique est tellement analogue à celle du calcaire qu’elles continuent d’adhérer au fond de la mer après la destruction de l’animal qui les habitait. Ainsi une génération construit la base sur laquelle sera portée la génération qui doit suivre, et celle-ci à son tour doit fournir en quelque sorte les fondemens d’une construction nouvelle qu’élèvera une nouvelle génération, jusqu’à ce que, par une succession continue de constructions semblables, la masse tout entière atteigne la surface des eaux, et qu’une limite se trouve ainsi imposée à des accroissemens subséquens.

La tendance des polypes à se multiplier dans les eaux des climats chauds est telle, que le fond de toutes les mers tropicales fourmille de myriades sans nombre de ces petites créatures travaillant sans cesse à la construction de leurs habi-

  1. Pl. 54, fig. 4.
  2. Pl. 54, fig. 9 et 10.