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RAPPORT DES ROCHES NON STRATIFIÉES

soit indirectement[1], ce serait agir prématurément que de nous occuper des couches dérivées, jusqu’à ce que nous ayons étudié brièvement l’histoire des formations primitives. Nos recherches commenceront donc par cette époque très-ancienne où tout s’accorde à nous présenter les matériaux constitutifs du globe comme dans un état fluide, et la chaleur comme la cause qui les y maintenait. La forme actuelle de la terre est en effet celle d’un sphéroïde aplati, comprimé aux pôles et dilaté à l’équateur ; celle en un mot que prendrait une masse liquide en rotation autour d’un axe. En outre, ce fait, que le plus petit diamètre coïncide avec l’axe actuel de rotation, prouve que cet axe n’a pas changé depuis que la croûte du globe a pris la forme solide qu’elle a conservée jusqu’à ce jour.

En supposant que tous les matériaux du globe ont été primitivement maintenus dans un état fluide ou même nébulaire[2] par l’action d’une chaleur intense, la première consolidation qui ait eu lieu a pu être amenée par le rayonnement du calorique de la surface à travers l’espace. Cette diminution graduelle de la chaleur aurait permis aux particules matérielles de se rapprocher et de cristalliser, et cette cristallisation

  1. En désignant les roches cristallines dont l’origine est supposée ignée comme n’étant pas stratifiées, nous adoptons une division qui, sans être rigoureusement exacte, a été pendant long-temps d’un usage général parmi les géologues. Les masses rejetées de granite, de basalte et de lave présentent fréquemment, dans le sens horizontal, des solutions de continuité qui les partagent en lits d’étendue et d’épaisseur très-variables. C’est ce que l’on observe à un degré fort remarquable dans la formation désignée par les Wernériens sous le nom de flœtz-trap (pl. 1re, n° 6 de la coupe) ; mais on n’y voit jamais ces successions de lits peu épais et de lames encore plus minces dans lesquelles sont subdivisées les couches sédimentaires qui se sont déposées par l’action des eaux.
  2. L’hypothèse qui nous présente les matériaux du globe comme ayant existé primitivement sous la forme d’une nébuleuse offre la théorie la plus simple, et par conséquent la plus probable de la condition première des élémens matériels qui composent notre système solaire. M. Whewell