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Page:Budé - Notice biographique sur Guillaume Budé, 1857.djvu/22

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destie n’est-elle pas toujours la preuve du vrai mérite ? S’il parlait des lettres, s’il donnait quelque appréciation à cet égard, c’est qu’on l’y forçait, ou qu’on l’en priait instamment.

Non content d’avoir des connaissances étendues, il voulait toutes les approfondir. Il se mit bientôt à reprendre, avec ardeur, le droit qu’il avait étudié dans sa première jeunesse. Ses amis voyant qu’il avançait en âge, et qu’il s’adonnait entièrement aux sciences, sans songer à augmenter, ou tout au moins à conserver son bien, faisaient tous leurs efforts pour tourner ses regards vers son propre intérêt, lui prédisant la pauvreté comme conséquence inévitable de sa manière de vivre.

Les inquiétudes de ses amis n’étaient rien, comparées à celles de son père. Ce dernier, voyant l’ardeur exagérée que son fils apportait au travail, conçut de graves inquiétudes sur la santé de son enfant. Espérant le détourner des lettres et des sciences, il lui proposa d’embrasser une carrière civile qui lui ouvrît la porte des honneurs et de la fortune. Mais, ni les plus tendres exhortations, ni les avertissements les plus sévères, ne produisirent d’effet sur cette constance opiniâtre. Jean Budé se fit un devoir de lui parler une dernière fois en ces termes : « Mon fils bien-aimé, as-tu donc résolu