Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/120

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» l’apport des cours d’eau de l’intérieur, ont perdu leur salure primitive, entraînée par voie d’infiltration sans jamais pouvoir se renouveler et sont aujourd’hui à un niveau supérieur à celui de l’Océan. »

« La tradition est même, écrivait l’ingénieur de Villers dans son 3e mémoire (1779), que cet étang (Cazaux) étoit un port et tout indique qu’il en étoit de même de tous les autres étangs qui se trouvoient situés le long des dunes au nord et au sud du bassin d’Arcachon. Il est très vraisemblable que les sables ont bouché les entrées de ces havres, qui sont devenus par la succession des temps les étangs considérables que l’on y trouve aujourd’hui et que ces sables les ont en partie comblés et exhaussés tels qu’ils sont maintenant. »

À propos de Cazaux, rapportons ce fait probant qu’en forant un puits à la maison forestière de la Salie à l’ouest de l’étang de Cazaux et à 750m de la mer on a rencontré à 15 mètres de profondeur une couche de limon fluvial, lit de l’ancien boucaut, que les sables ont recouvert.

On lit dans le mémoire de M. Fleury de la Teste, auquel nous avons déjà fait des emprunts : « Il exista autrefois des bassins tels, par exemple, que celui d’Arcachon, quoique peut-être moins étendus. Quelques-uns avaient des issues assez considérables pour la petite navigation. On en cite un dans la partie du nord qu’on désigne sous le nom de port d’Anchise. Dans la partie du sud on en cite un autre vis à vis l’étang de Cazaux, dans lequel on distingue, en effet, un chenal très profond qui aboutit au pied des dunes qui le bordent. Enfin on en cite un troisième à Mimizan… Ces issues s’étant fermées successivement par les progrès des sables, il resta une grande quantité d’eau sans écoulement. Les eaux courantes ayant continué à s’y verser, il en est résulté ces lacs, ou étangs… »

Si les étangs du sud de la côte (Aureilhan, S’-Julien, Léon, Soustons) ont conservé aujourd’hui encore leur communication avec la mer, alors que les étangs du nord (Hourtin, Lacanau, Cazaux, Parentis) l’ont perdue, c’est d’abord que les courants marins qui charriaient le sable et qui ont obstrué tous ces petits golfes ou estuaires allaient généralement du nord au sud ; les golfes du nord recevaient leur premier choc et absorbaient la majeure partie des sables charriés. Ils ont donc dû se fermer plus tôt que ceux du sud qui ne recevaient que des courants appauvris en force et en matériaux. Une autre raison est que la côte sous-marine au sud est en pente plus rapide et forme une terrasse plus étroite qu’au nord, de sorte que les apports sableux y sont moindres. Il y a lieu de croire que ces étangs d’Aureilhan, St -Julien, etc.… auront leur boucaut obstrué à leur tour, à moins d’un changement dans le régime de la côte.

Cette résultante générale nord-sud des grands courants côtiers (qu’il ne faut pas confondre avec d’autres petits courants touchant