Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/130

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fascines parallèles plus ou moins proches ou disposés en damier.

C’est, on le voit, exactement le système préconisé par de Villers (à part le fossé qui semble d’une efficacité douteuse et n’a du reste jamais été employé). Et cependant Brémontier dît au début du chapitre, que la fixation des dunes a toujours paru sinon impossible, du moins très difficile, que le Danemark et l’académie de Leyde l’ont vainement tentée, et il ne souffle mot des Ruat, de Desbiey, ni de de Villers ! S’il se décide à mettre la note suivante au bas d’une page du même chapitre, c’est en prenant bien soin d’affirmer la priorité pour lui et même de frauder la vérité quant aux premiers essais de 1787 et 1788 : « J’ai trouvé, dit-il, depuis la rédaction de ce mémoire, dans le nouveau voyage de Coxe en Danemark, Suède, etc., publié en 1791, que le général Claussen avait employé avec succès le moyen des couvertures en branchages (dont nous nous sommes également servis en 1787 et 1788) pour fixer les sables des environs de Frédéric Swerk sur le rivage septentrional de Zélande… »

Le devis des ouvrages à faire pour la fixation générale des dunes forme l’objet du chapitre V. Il se divise en deux sections. Dans la première section, Brémontier envisage le cas où l’on se bornerait à fixer une zone littorale de 100 toises (200m) de largeur tout le long des côtes (100 000t) soit une surface de 10 millions de toises carrées ou 11 900 journaux bordelais (4 000ha), laissant à la nature le soin d’achever elle-même la fixation des dunes sises à l’est, ce qui demanderait bien deux siècles et plus, selon l’auteur, La dépense totale serait ainsi de 300 000 livres en semant 25 livres de graines par journal (38kg par hectare) et en ne faisant qu’un cordon de fascines (100 000 toises), mais y compris : rétablissement de cabanes-abris en planches à 4 ou 5 milles les unes des autres, le traitement de 20 gardes pour les 6 premières années à 300 livres chacun par an, la fourniture de 11 900 livres de graines pour regarnis, et une somme de 10 547liv pour frais imprévus.

Dans la seconde section, Brémontier suppose que l’on veuille fixer toute la superficie des dunes, ce qui demanderait 30 ou 35 ans. En évaluant le prix de fixation du journal à des chiffres qui varient de 8l à 53l, selon que le terrain est plus ou moins déclive, plus ou moins exposé aux vents, et en comptant que l’on protégera les graines au moyen de clayonnages parallèles, sans couverture, il arrive à une somme totale de 8 millions de livres, y compris 875 296l pour frais imprévus.

Le chapitre VI est consacré à l’énumération des avantages qui doivent résulter de la fixation des dunes. Ce sont notamment : un revenu considérable pour l’État, 5 055 000 livres (la production résineuse seule serait au bas mot de 3 quintaux (150 kg.) de résine à 5 livres le quintal par journal), soit un taux d’intérêt de 12,5 % ; le pays produisant lui-même les résines, térébenthines, etc. dont il a besoin ; un nouvel aspect des côtes favorable à la navigation ; la possibilité d’ouvrir des canaux de navigation et d’assainissement dans les Landes ; un obstacle opposé au progrès de la mer, etc.