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AVANT-PROPOS

« Πάντα ῥέει, tout coule, rien n’est, tout devient », disait le vieil Héraclite. « Multa renascentur quæ jam cecidere », ajoutait le bon Horace entre deux coupes de vin de Falerne.

Cette pensée de l’universel et perpétuel changement des choses ne frappe-belle pas quiconque parcourt ou étudie la côte du golfe de Gascogne ? Le littoral aquitain offre, en effet, un manifeste exemple de cette inéluctable révolution à laquelle rien n’échappe dans le monde, ni notre globe, hier sphéroide incandescent, demain planète glacée, ni l’homme qui l’habite aujourd’hui, si variable dans l’espace et dans le temps, comme individu et comme société. L’Atlantique a envahi une partie du continent, il a jeté sur celui-ci des flots de sable, le fleuve girondin de son côté s’est déplacé. Sous les dunes, dans les eaux, dorment ensevelis des cités, des ports, des rivières, des champs, des forêts. Et par-dessus toutes ces choses mortes, la vie est revenue : sur ce linceul de sable, des cités se sont élevées, des champs se sont ensemencés, des forêts se sont plantées, sur cet océan vorace passent et repassent la chaloupe du pêcheur et le steamer rapide.

La côte du Médoc a donc subi des transformations considérables. D’autre part les dunes renferment actuellement de grandes richesses forestières. Il serait intéressant autant qu’utile de savoir comment et pourquoi ces changements se sont produits et de connaître ces richesses.