Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/164

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franchissent le sommet de la dune et retombent au delà dans les lèdes littorales. Ils n’y causent pas de dommage, car, s'y épanchant par petites quantités, ils exhaussent le sol assez lentement pour que la végétation herbacée ou arbustive, installée sur ce terrain et protégée du vent de mer par la dune, s’exhausse en même temps (cette végétation se compose du carex, du saule rampant, et surtout du gourbet qui a besoin d’un arrosage périodique de sable). Le talus ouest est préservé de l’action érosive du vent par sa faible déclivité et par le gourbet dont l’espacement permet cependant l’ascension des sables nouveaux. La pente douce a un autre avantage : lorsque les hautes mers atteignent la base du talus, elles y glissent sans l’affouiller. Aussi par ce moyen pourra-t-on arrêter peut-être les empiétements de la mer sur le littoral gascon. Le but est donc ici de rendre l’arrivée des nouveaux sables inoffensive pour la végétation installée au delà.

Ce système, qui est celui de la majorité des agents forestiers et qui s!t trouve appliqué partout aujourd’hui, est, à notre avis, le seul pratique. On n’en peut discuter que les détails, c’est-à-dire les proportions à donner à la dune et les procédés de construction et d’entretien. Une dune haute abrite mieux les plantes qui croissent derrière elle, mais aussi elle offre plus de prise au vent, et pour être solide il lui faut une base large, son volume augmentant par le fait elle devient plus coûteuse d’entretien. Plus la pente ouest est douce, moins le vent a de prise, mais aussi il faut que la base de la dune soit très large pour une hauteur moyenne, ce qui la rend également volumineuse et coûteuse, et de plus les sables nouveaux la franchissent difficilement et la déforment en s’y accumulant en trucs. Avec une pente raide, le volume de la dune peut être très réduit, mais alors le vent la dégrade facilement et les sables ne la franchissent pas. Enfin une dune basse n’exerce pas une protection efficace sur les végétaux qu’elle doit abriter. Il faut donc tout concilier, et nous croyons qu’à cet effet une hauteur de 10m et une pente de 20 %, qui donnent une base de 50m au talus ouest, sont de bonnes moyennes. Du reste, dans la détermination du profil d’une dune littorale, il y a toujours à con- sidérer certains facteurs variables avec les localités, tels que : violence du vent, quantité des apports sableux, forme du rivage, direction moyenne du flot, etc. Nous croyons aussi qu’il y a avantage à ce que le talus ouest de la dune présente non pas une pente absolument rectiligne du sommet à la base, mais un profil légèrement concave, de façon que la pente, assez douce au bas et se reliant insensiblement avec celle de la plage, s’accentue un peu plus vers l’arête du sommet. Le talus prend du reste de lui-même cette forme, qui est celle d’un arc de parabole (y² = 2px, solide d’égale résistance).

L’abri que la dune littorale offre contre le vent de mer aux végétaux croissant à l’est ne s’étend que sur une zone large de dix ou douze fois environ la hauteur de la dune au-dessus du terrain à protéger (soit 100 mètres en moyenne). Au delà le vent frappe avec autant de