Page:Buffault - Étude sur la côte et les dunes du Médoc.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

violence. Mais cet abri, bien que peu considérable, est précieux et nécessaire, parce qu’il permet à diverses plantes (herbes, arbustes et pins) de croître sur les sables des lèdes contigu&s à la dune littorale, de maintenir leur immobilité et de fixer aussi les nouveaux sables qui franchissent la dune sous l’impulsion du vent.

Quant à l’obstacle qu’elle pourrait mettre, même avec une pente douce, aux empiétements de la mer, cet obstacle ne peut exister que si la côte est fixe et ne subit pas d’affaissement, ce qui n’est pas le cas des côtes de Gascogne.

Pour le Médoc, les premières défenses littorales furent élevées en 1851 et 1852 sur la côte de Carcans. Comme nous l’avons dit précédemment, leur but n’était encore que de protéger les semis les plus voisins plutôt que de constituer une dune littorale générale. Elles furent placées si prés de ta ligne des hautes eaux que la première maline qui suivit leur établissement les renversa et emporta le tiers des planches des palissades. Pour éviter le retour de pareil accident, on reporta les palissades un peu plus loin de la mer, mais le système ne fut pas changé. Ces dunes littorales étaient peu élevées, mais sans pentes ni formes régulières, dessinant par leurs arêtes ondulées une série de lignes brisées sans coordination entre elles. On se contentait de les garnir de gourbet sans autre entretien. On ne tarda pas à s’apercevoir, du reste, qu’il n’en pouvait être longtemps ainsi.

Le vent faisait des brèches dans ces défenses, arrachait le gourbet, enlevait le sable, déchaussait les planches et les cordons, ou bien ailleurs les ensevelissait sous des accumulations de sables; parfois aussi la mer y rongeait le pied des dunes et provoquait des éboulements. On réparait alors les dégradations produites, mais pendant ce temps-là d’autres se produisaient à côté.

A partir de la remise intégrale du service des dunes à l’Administration des Forêts, en 1862, les agents chargés du service comprirent que les choses ne pouvaient subsister ainsi et qu’aux palissades partielles établies .sans vue d’ensemble, il fallait substituer une dune protectrice uniforme longeant tout le littoral, dans le double but d’arrêter provisoirement le sable et d’abriter la zone de protection. C’est donc de cette époque que date la dune littorale proprement dite (Rapport de M. l’Inspecteur des Forêts Poucin du 28 mars 1878). Aussi peut-on dire que cette dune littorale est l’œuvre propre du Corps forestier auquel elle fait honneur.

Après l’essai de 1851 à Carcans fait par les Ponts et Chaussées, les agents des Forêts établirent, en 1864 et 1865, trois kilomètres de dune littorale sur la côte du Flamand (Kil. 26 à 29); en 1866 et 1867, 19 kilomètres sur les côtes du Flamand et d’Hourtin (Kil. 22 à 26, 29 à 44), enfin, en 1868, 4 kilomètres à Soulac.

» La dune littorale fut formée dans la Gironde à l’aide de divers procédés essayés tour à tour : clayonnages composés de cordons tressés sur piquets, palissades en madriers jointifs ou en planches