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lèveront les années suivantes qui seront plus propices. Dans les dunes, les semis doivent se faire, soit à la fin de l’automne, soit à l’époque de la dissémination naturelle qui est le printemps ou la fin de l‘hiver (du 15 février au 15 avril). Cette dernière époque est préférable, comme d’ailleurs pour toutes les graines résineuses en général.

Tempérament. — « Le jeune plant est très robuste et tout abri un peu prolongé lui est nuisible », disent Lorentz et Parade. Ils ajoutent que cependant dans les sables brûlants des dunes de Gascogne, il est nécessaire de l‘ombrager les premières années. Nécessaire est trop dire à notre avis, utile serait juste. On peut voir en maints endroits, sur des garde—feu, sur les plages de l‘étang d’Hourtin, dans des vides, de jeunes pins, semés par le vent ou les oiseaux, prospérer très bien en plein découvert, au milieu même de sables blancs. Mais il n‘est pas douteux qu’un certain abri lui soit très profitable en le défendant des ardeurs parfois extrêmes du soleil de Gascogne. qu’accroit encore la réverbération des sables. C’est en partie pour ce motif que dans les ensemencements on a mêlé et on mêle encore le genêt et l’ajonc au pin. Un forestier a dit, avec raison du reste, que le genêt est l’allié du pin s. Dans une coupe rase, par exemple partout où le genêt abonde, le pin abonde aussi. Les jeunes résineux croissent parmi les touffes du genêt, filent entre les branches qui les soutiennent, prennent rapidement l’avance sur lui et bientôt, se constituant en fourrés complets, étouffent sous leur brillante végétation l‘arbuste qui les a protégés pendant leurs premières années. Le couvert très léger que donnent les pins de place convenablement espacés est également très favorable au jeune semis ; il réalise le ni trop ni trop peu nécessaire.

Si le jeune pin vient sous un couvert épais, et c’est le cas du sous-bois que l‘on trouve sous presque toutes les futaies qui sont éloignées de leur terme d’exploitabilité, et par suite assez denses, ce jeune pina une croissance extrêmement lente ;il reste petit, grêle, tortueux, souvent traînant, perd sa flèche terminale, se forme avec des branches latérales très courtes une petite cime en boule, irrégulière, puis finalement sèche sur pied. Si on le découvre assez tôt pour qu’il ne meure pas et reprenne de la vigueur, ce qui est rare, il grandit, mais ne fait jamais un arbre droit et beau ; sa constitution est viciée.

Il est à noter qu’on voit très peu d’arbres tarés ou tordus dans les forêts de pin maritime à l’inverse de celles de pins sylvestres, et que les premières ne présentent jamais le vilain aspect qu’ont les secondes dans leur jeunesse. La raison en est sans doute dans la rapidité de croissance bien supérieure du pin maritime, qui rend plus difficile la formation des défauts et plus facile et plus rapide l’élimination des sujets viciés.