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Un peu plus au sud, c’était l’embouchure d’une rivière assez importante qui déversait à la mer les eaux des landes voisines. L’obstruction de ce cours d’eau a formé plus tard les marais du Guâ et de la Perge qui ne dégorgent dans la Gironde qu’à cause de l’obstacle formé par les dunes. De plus en plus réduit avec le temps, ce n’est plus aujourd’hui qu’un ruisselet, qui sous le nom de Gaul, traverse la plage de Montalivet. Là encore, au bord de cette ancienne rivière, il y eut un établissement des hommes de l‘âge de la pierre. Depuis, les Romains s’étaient installés à proximité, comme le prouvent l’existence d’un castellum dans un bois situé au bord du marais de Mayan, et la découverte récente d’une statuette romaine sur la plage de Montalivet.

Non loin de là étaient le fleuve Anchise et le port du même nom. Le citoyen Fleury de la Teste écrit dans son mémoire (1800) : « Il exista autrefois des bassins tels, par exemple, que celui d’Arcachon, quoique peut-être moins étendus. Quelques-uns avaient des issues assez considérables pour la petite navigation. On en cite un dans la partie du nord, qu’on désigne sous le nom de port Anchise. » Les cartes des XVIe et XVIIe siècles marquent sur la côte du Médoc aux environs de Vendays et de Naujac cette rivière d’Anchise. Elles lui donnent un estuaire assez spacieux et placent, les unes à son embouchure, les autres plus en amont, la ville d’Anchise. Cette dernière figure dans différents portulans du XVIe siècle sous le nom de Balania, Ballanas, etc.

M.  Goudineau voit dans la curieuse rivière du Deyre qui se perd dans les vases molles et marais de la Perge, l’ancien fleuve Anchise. Il lui donne comme embouchure le Gurp, et ajoute que sur ce cours d’eau se trouvait le port de Pélos, d’où l’on partait pour aller à Naujac et Magagnan, situés en amont.

Il est certain que le Deyre représente la partie supérieure du cours de l’Anchise. C’est le seul cours d’eau de la contrée dans lequel on puisse vraiment voir les vestiges d’une rivière jadis relativement considérable, subsistant encore au XVIIIe siècle. D’autre part, son aspect indique bien qu’avant les dunes elle devait avoir une réelle importance. L’étymologie de Naujac (ou Naviac, comme on l’écrivait autrefois, de navis, navire), vient encore à l’appui de notre thèse et établit qu’il se faisait là une navigation assez importante pour que cette localité, qui est située sur le Deyre, en tirât son nom.

Mais nous n’admettons pas l’embouchure du Gurp assignée par le savant auteur de la Navigabilité de la Gironde. Ce serait faire remonter le fleuve beaucoup trop au nord et infléchir à l’excès sa direction naturelle, surtout si l’on tient compte qu’autrefois la mer était bien loin de la rive actuelle. Du reste, où trouve-t-on au Gurp trace d’un cours d’eau ? Où en a-t-on jamais vu ? Ce n’est certainement pas dans la falaise de marne grise et d’alios dur qui se continue à un niveau de plus de 2m au-dessus de la ligne de haute mer sans