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l’Anchise n’avait de l’importance que vers la fin de son cours, surtout à son embouchure. Nous verrons qu’au début du XVIIIe siècle, celle-ci était encore signalée comme un hâvre profond. Anchise, Pélos même, ne devaient guère être plus considérables que les petits ports des esteys de la Gironde. Mais il est vraisemblable qu’à l’époque romaine, l’estuaire de l’Anchise avait de l’ampleur et que son port était assez fréquenté.

Descendant toujours au sud, la côte se continuait assez irrégulière, sillonnée par quelques chenaux marécageux déversant les eaux des landes comme celui sur l’emplacement duquel est bâtie la maison forestière de St-Nicolas, et dont on reconnaît l’ancien lit aux dépôts tourbeux et marécageux qu’ils ont laissés sur le sol primitif au-dessous du sable des dunes.

Puis c’était la vaste échancrure du golfe de Louvergne devenu l’étang d’Hourtin actuel. Ce dernier est, en effet, un ancien golfe dont les sables ont obstrué l’entrée et qui s’est augmenté de tous les apports d’eau des landes voisines. Bien des faits l’indiquent, beaucoup d’autres le démontrent.

C’est d’abord la tradition locale qui a gardé le souvenir d’un canal faisant jadis communiquer l’étang avec la mer. Les pécheurs montrent encore au pied des dunes, près de la Pointe blanque et de la lède de Balbise un endroit de l’étang plus profond que partout ailleurs et qu’ils disent avoir été l’embouchure du boucaut aujourd’hui disparu. Et de fait si l’on examine le relief de cette région des dunes, on voit qu’il existe, orientée sud-est nord-ouest, une dépression, sorte de couloir qui n’est guère interrompu que par une petite dune basse et sans importance. Ce couloir relie Balbise à la mer, coupant brusquement les trois grandes chaînes de dunes qui règnent parallèles à la côte dans les massifs d’Hourtin et de Carcans. Sa moitié sud-est est appelée escours de Balbise (forêt d’Hourtin, 2e série, divisions IX et X). C’est le dernier vestige de l’ancien boucaut. Le nom de Balbise paraît avoir comme étymologie le grec Balbis (idos) qui signifie : entrée, commencement. C’était bien là, en effet, l’une des deux entrées du chenal.

Celui-ci est d’ailleurs indiqué sur une carte marine de Blaw, dont la date est d’environ 1650, par les mots suivants : Ancien boucaut par ou s’écouloit les eaux de ces Etangs, mis en regard de la lède dite de Balbise, près de la pointe blanque que la dite carte dénomme : pointe de Babila. Cette même carte porte à l’entrée du canal de Lupian, rive est de l’étang, ces mots : Ancien port et mentionne qu’il y eut là une ville nommée Louvergne. Il paraît certain, en effet, qu’il y a eu au sud de l’entrée de ce canal une ville assez considérable, port fréquenté par le commerce et pouvant dater de la plus haute antiquité. Les pêcheurs dans ces parages trouvent des poteries, des silex, des décombres, divers objets dont la présence ne peut s’expliquer que dans l’hypothèse d’un port autrefois en communication avec la mer,