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plusieurs fois question dans des documents postérieurs. Cette forêt se trouvait à l’ouest de Soulac au delà du rivage actuel sur un terrain aujourd’hui abîmé dans l’océan.

Quelque cent ans plus tard un autre prieuré fut fondé dans le voisinage de Soulac. C’est St-Nicolas de Grave. Un titre déposé à la Bibliothèque Nationale (fonds bénédictins de St-Germain-des-Prés), rapporte :

« Stephanus eremita et abbas de Corduanâ insulâ huic cœnobio præerat anno mxcii. Hic cum Ermenaldo ejusdem loci Priore, tumulluosas procellas vitare cupientes, in loco de Gravâ, juxta Oceanum in insulâ juris cœoobii Cluniacensis, volente Hugone abbate, construxere abbasiadam quam Sancto Nicolao dedicavere. »

Il ressort de l’examen de ce texte qu’en l’an 1093 Cordouan, dénommée île, était séparée de la terre ferme, qu’il s’y trouvait une abbaye, mais que ce lieu était exposé à de violentes tempêtes qui, après l’avoir séparé du continent, approfondissaient et élargissaient le passage ainsi ouvert. Il en ressort également que la nouvelle abbaye fut bâtie près de la Pointe de Grave, au bord de la mer et dans une île. Qu’était cette île différente de celle de Cordouan ? Évidemment l’île d’Antros dont la position correspondait à l’emplacement du nouveau prieuré.

St-Nicolas passa en 1131 aux moines de Soulac; l’investiture leur en fut donnée par l’archevêque Arnaud de Cabanac. Dans la Gallia christiana (inter instrumta), on lit : « De Ecclesia sancti Nicolaii de Grava, quod ut afferitis, vestri juris est et in parochia Ecclesiæ Vestræ Sanctæ Mariæ de Solaco sua est… »

Disons pour n’y plus revenir que l’emplacement de l’abbaye de St-Nicolas ne fut pas heureusement choisi. Baurein écrit à ce propos : « Il existoit vers le commencement du douzième siècle, une Église appelée St-Nicolas de Grave, située dans l’ancien territoire de la paroisse de Soulac… la passe qui existe maintenant entre l’extrémité du Médoc et la Tour de Cordouan a été faite par les ravages de la mer au préjudice du terrein dépendant de cette Église, puis- qu’elle retient encore la dénomination de Pas de Grave. »

Gagnée par la mer et les sables, cette abbaye dut être, au bout d’un certain temps, transportée encore à l’est. Les érosions de la mer et la marche des dunes la réduisirent de plus en plus et la chassèrent derechef. Son dernier emplacement est marqué dans la forêt domaniale actuelle de Soulac par une élévation isolée, arrondie, de profil tronconique. Cette dune se trouve à 400 mètres au nord de la voie ferrée et à 150 mètres au sud du garde-feu reliant le sémaphore à la Tour noire. Sa hauteur est de près de 15 mètres et son diamètre à la base en mesure 70. Sa forme seule indique qu’elle s’est formée sur un obstacle du sol primitif. Cet obstacle était le dernier reste de l’église et du prieuré de St-Nicolas de Grave. La tradition locale l’affirme ; la carte de Blaw indique : Chapelle de St-Nicolas à présent ruinée, ancienne Paroisse,