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dont les bâtiments subsistent encore, puis les villages d’Astrac et de Cassac disparus sous les vagues ou les sables. Un peu au sud était l’Hôpital de Grayan, appartenant à l’Ordre de Malte et dépendant de la Commanderie de Benon en Médoc, qui elle-même relevait du Temple de Bordeaux. Fondé au XIIe siècle par les pèlerins de Compostelle, il disparut de bonne heure. Le commandeur était propriétaire de l’étang de la Varreyre ou Barreyre, qui renfermait des carpes et des tanches. Cet étang est très ancien.

Un peu au delà vers Lesparre on trouvait Benssac, d’origine celte, aujourd’hui Vensac. (En gascon comme en espagnol le B et le V se prononcent de même, de là ce piquant dicton : « O beata gens cui vivere idem est ac bibere ! »)

À l’ouest de Vensac était Artigue-Extremeyre (du latin artiga défrichement et extremus extrême, ce qui indique que ce lieu était tout au bord de la forêt). Les gens du pays affirment qu’il est recouvert par la dune de la Canillouse (commune de Vensac). C’est aussi la position que lui attribuent les anciennes cartes. Un prieuré y fut établi, comme le démontre un contrat du 11 novembre 1354, qui fut passé « au loc d’Artigua-Extremeyra, en layra devant la porta du Priorat de Artigua-Extremeyra. » C’était aussi le siège d’une sénéchaussée dont le titre appartint au bailli de Lesparre, sans doute après l’ensablement de cette région.

En descendant au sud, on rencontrait le fief de Sercins, puis celui de Mayan, ensuite la paroisse de St-Seurin de Vendays ; non loin, sur la rivière Anchise, le village du même nom et le port de Pélos.

Bien au delà, en pleine forêt, était le lieu-dit Marestanh ou Mansirot. Il en est question dans une charte de 1108, de laquelle il ressort que le sire de Lesparre a voulu fonder un monastère dédié à Ste Foi, en ce lieu : « illum locum qui vocatur Mansirot, situm inter mare et stagnum… secundum loci situm placuit appellare Marestagnum. » Le seigneur concède le droit de défrichement et de pacage : « omnem terram arabilem quæ in totâ illâ forestâ inveniri poterit ad laborandum… , concedentes etiam pascua porcorum et vaccas a padouir per forestam, tam in æstate quam hyeme. » C’est la seule trace qu’on ait de ce prieuré. Ou bien il n’a pas été bâti et la concession du sire de Lesparre resta sans objet, ou bien il disparut de très bonne heure sous les sables. Ce sont les dunes d’Hourtin, plutôt que celles de Carcans, qui en recouvrirent l’emplacement, car nous avons vu qu’Arrobert, sire de Cartignac, était seigneur en Marestanh (acte de 1286).

Carcans formait une baronnie, dépendant de la seigneurie de Lesparre. Un château-fort y avait été élevé, mais il était déjà ruiné vers 1585. On lit, en effet, dans l’inventaire de la terre de Lesparre : « Près du dit bourg (Carcans) et comme enclos en icelle, il y a une grande et haute motte élevée avec marques de grands foussés et fon-