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de supposer la fluidité du noyau assez complète pour que l’enveloppe solide puisse glisser librement au-dessus. Si la surface inférieure ou interne de l’enveloppe est de forme irrégulière, ou même si quelqu’une de ses parties est visqueuse, cette enveloppe éprouvera une très forte résistance chaque fois qu’elle devra changer de position. Sa liberté de glissement sera contrariée par son défaut d’adaptation avec le noyau, et son changement de position, supposé même qu’il soit toujours très petit, ne s’effectuera qu’avec des frottements excessivement violents, par suite desquels se produiront la voussure et le déchirement de la masse incombante. »

Les arguments en faveur de la fluidité centrale du globe tirés des phénomènes volcaniques, des sources thermales, des abaissements et des soulèvements de certains points du globe ont une valeur beaucoup plus grande. Lyell cependant n’admet pas davantage les déductions qu’on en tire.

Les volcans d’après Buffon Occupons-nous d’abord des volcans. La plupart des géologues modernes admettent que les volcans communiquent avec la masse centrale en fusion du globe. Nous verrons plus bas sur quels arguments ils appuient cette opinion, dont ils font usage, d’un autre côté, pour plaider la cause du feu central. Les idées émises par Buffon au sujet des volcans sont tout à fait différentes ; elles méritent de nous arrêter, sinon à cause de leur absolue exactitude, du moins à cause de leur originalité et de la confirmation qu’une partie d’entre elles ont reçue. Disons d’abord que Buffon n’est pas partisan de la fluidité centrale du globe. Il admet bien que le centre de la terre jouit d’une température très élevée, mais il le considère comme doué d’une solidité égale à celle de la surface. « Nous pouvons présumer, dit-il dans son mémoire sur la Formation des planètes[1], que l’intérieur de la terre est rempli d’une matière à peu près semblable à celle qui compose sa surface. » Un peu plus loin, il dit encore : « Il y a tout lieu de conjecturer, avec grande vraisemblance, que l’intérieur de la terre est rempli d’une matière vitrifiée dont la densité est à peu près la même que celle du sable[2], et que par conséquent le globe terrestre, en général, peut être regardé comme homogène. »

Buffon admettant l’état solide du centre de la terre ne pouvait pas considérer les volcans comme les cheminées d’un foyer central rempli de matières en fusion. Il explique leur formation et leur fonctionnement d’une toute autre façon. Il suppose qu’au moment du refroidissement de la terre, il s’est formé à sa surface, par le bouillonnement des gaz et des vapeurs, des boursouflures analogues à celles qu’on voit sur un morceau de verre ou de fer fondu au contact de l’air et de la vapeur d’eau ; les parties saillantes de ces bour-

  1. T. Ier, p. 79.
  2. Nous reviendrons plus bas sur la densité comparée du centre et de la surface de la terre. Buffon la croyait égale dans les deux points ; il n’en est, en réalité, pas ainsi : le centre de la terre est plus dense que la surface.