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et condensées pour former, au centre., le globe solaire. En tombant vers le centre, les molécules ont obéi à la force de gravitation dont elles étaient douées ; celle-ci, après leur rapprochement, s’est transformée en chaleur. Mais il est bien évident que si c’est là l’origine de la chaleur solaire, cette dernière doit finir par s’épuiser, puisque sa source n’a été que momentanée. D’après Helmholtz, le soleil serait à l’état de globe rayonnant du calorique depuis environ 500 millions d’années, et il aurait déjà rayonné les 453/454 de sa provision de calorique. Faye admet également que le soleil se contracte chaque jour davantage, et que cette contraction produit de nouvelles quantités de calorique destinées à subvenir au rayonnement. « Ses matériaux, dit-il, se rapprochent du centre, et cette chute continuelle, si faible qu’elle paraisse, donne lieu à une nouvelle transformation de travail en calories très considérable et peut être même capable de subvenir en grande partie à la dépense actuelle. » Il est bien évident néanmoins que la contraction devra s’arrêter à un moment déterminé, et qu’à partir de ce moment le soleil perdra de la chaleur sans en retrouver autrement que par son frottement contre l’éther, c’est-à-dire, très probablement, en quantité beaucoup inférieure à celle qu’il perd.

Quelques savants émettent encore des doutes sur la réalité du refroidissement du soleil ; Lyell fait remarquer que « quand on considère les découvertes récemment faites de conversion d’un genre de force en un autre, et les rapports intimes qui existent entre la chaleur, le magnétisme, l’électricité et l’affinité chimique, il est bien permis d’hésiter avant que d’accepter cette théorie d’une diminution constante qu’éprouverait, de siècle en siècle, une source considérable de puissance vitale et dynamique. » Mais on peut répondre à ses justes observations que l’équilibre de l’univers ne serait nullement rompu par le refroidissement, même absolu, du soleil. La chaleur perdue se transforme chaque jour en électricité, en magnétisme, en mouvements vitaux, en une foule d’autres formes du mouvement qui elles-mêmes se transforment à leur tour sans qu’une seule parcelle en soit perdue, mais sans qu’il soit nécessaire qu’elles retournent au soleil, qui n’en est que la source seconde ; lui-même, en effet, n’a pas été toujours ce qu’il est ; et j’ajoute que, pour se conformer à la loi immuable de la transformation incessante de la matière, il ne peut pas rester indéfiniment ce qu’il est. Il est donc permis de croire que le soleil ira sans cesse se contractant et se refroidissant davantage, déterminant la disparition des êtres vivants qui peuplent la terre, et finissant par n’être plus lui-même qu’une planète solidifiée, entraînée avec ses satellites dans quelque orbite immense, autour d’un soleil plus volumineux, encore incandescent et lumineux, mais condamné à un sort identique.

Évolution de la terre. Nous n’avons étudié jusqu’à ce moment que la première phase de l’évolution de la terre, celle de l’incandescence et de la fluidité, en recherchant jus-