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là résulte le dépôt entre les lits de sel gemme de couches minimes de boue dont chacune répond à une période estivale.

Les mines de sel gemme offrant toutes une constitution analogue à celle que présentent les dépôts dont nous venons de parler, il est naturel de penser qu’elles se sont formées par les mêmes procédés, que chaque mine répond au fond d’une ancienne mer intérieure, semblable à la mer Morte, ou de lacs salés, analogues aux lacs Elton et Bogdo. En d’autres termes, les couches de sel gemme contenues dans les continents actuels se sont formées sous l’influence des causes lentes qui agissent encore de nos jours. De même que de nos jours on ne voit pas de dépôts de sel se former au fond des mers ouvertes qui reçoivent assez d’eau pour que la perte subie par l’évaporation soit largement compensée et pour que le degré de saturation par le chlorure de sodium ne soit jamais atteint, de même aussi on ne trouve aucune mine de sel gemme dans le bassin des mers anciennes qui offrent le caractère de mers ouvertes.

Origine du chlorure de sodium. Une question reste à résoudre, celle de savoir d’où vient le chlorure de sodium que les sources amènent à la surface du sol. La plus grande partie provient manifestement des dépôts de sel gemme qui existent dans les terrains voisins ; mais on doit admettre qu’une autre partie se forme par combinaison chimique, ou, du moins, qu’il s’en est autrefois produit de cette manière une énorme quantité. On sait, par exemple, que les silicates d’alcalis agissent sur les sulfates de chaux et de magnésie et sur le chlorure de magnésium et de calcium pour former, d’un côté, des silicates de chaux et de magnésie, de l’autre, des sulfates d’alcalis et du chlorure de potassium ou de sodium. D’autres réactions chimiques sont encore susceptibles de donner naissance à du chlorure de sodium qui est ensuite dissout par les eaux souterraines et amené à la surface. Il y a donc non seulement circulation du chlorure de sodium alternativement dissout et déposé, mais formation incessante de nouvelles quantités de ce corps.

Gypse. Ce que nous avons dit plus haut au sujet du procédé par lequel se dépose actuellement le sulfate de chaux dans les mers intérieures et dans les lacs nous dispense de parler longuement des sédiments de gypse et d’anhydrite qui existent en si grande quantité dans nos continents. Ajoutons seulement que le sulfate de chaux se dépose avec encore plus de facilité que le sel gemme, et nous aurons une explication suffisante de son abondance dans les terrains sédimentaires, sans qu’il soit nécessaire de recourir à des révolutions d’aucune sorte. La grande quantité d’acide sulfureux qui est émise par les volcans et les solfatares permet de penser qu’il se forme sans cesse dans les profondeurs du sol de nouvelles quantités de sulfate de chaux. On sait, en outre, que le sulfate de magnésie et le chlorure de magnésium décomposent le silicate de chaux pour donner naissance à du sulfate de chaux et à du chlorure de calcium. D’autres réactions encore se produisent, sans aucun