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que cette durée est réduite à vingt et un mille ans par suite d’un changement graduel qui s’opère dans la direction de l’axe des pôles terrestres dont nous n’avons pas à nous occuper ici.

La précession des équinoxes n’aurait aucune influence sur la durée relative des saisons et sur la quantité de chaleur reçue par les différents points du globe, si l’orbite terrestre était exactement circulaire, mais nous savons qu’elle décrit une ellipse dont le soleil occupe l’un des foyers. Il en résulte que pendant cette période de vingt et un mille ans les équinoxes se produisent en des points alternativement de plus en plus rapprochés et de plus en plus éloignés du soleil. Il est bien évident que pendant les périodes où les équinoxes se produisent dans les points de l’écliptique où la terre est plus rapprochée du soleil, l’été doit être plus chaud dans un même lieu du globe terrestre et l’hiver moins froid que pendant les périodes où c’est le contraire qui existe. Le point de l’ellipse terrestre, le plus rapproché du soleil, se nomme le périhélie, tandis qu’on nomme aphélie le point de cette même ellipse le plus éloigné du soleil ; il est bien évident que quand le solstice d’hiver se produit exactement au périhélie, c’est-à-dire dans le point de l’ellipse le plus voisin du soleil, l’hiver doit être aussi peu froid que possible ; par contre, le solstice d’été se produisant alors exactement à l’aphélie, c’est-à-dire dans le point le plus éloigné du soleil, l’été doit être aussi peu chaud que possible. Il y a dix mille cinq cents ans environ cela se produisit ; le solstice d’hiver qui a lieu le 21 décembre coïncidait exactement avec le périhélie. Actuellement, le passage de la terre au périhélie n’a lieu que plus tard, le 31 décembre ; son passage à l’aphélie, également retardé, a lieu le 1er juillet ; nos hivers tendent donc à devenir plus froids, tandis que nos étés tendent à devenir plus chauds. L’été offrira le maximum de chaleur, tandis que l’hiver présentera le maximum de froid, lorsque le solstice d’hiver coïncidera exactement avec le point d’aphélie, tandis que le solstice d’été coïncidera avec la périhélie. Cette année-là, en effet, la terre sera aussi éloignée que possible du soleil pendant l’hiver, tandis que pendant l’été elle en sera aussi rapprochée que possible. Cela aura lieu environ dans dix mille cinq cents ans.

Une autre cause astronomique influe, dans une certaine mesure, sur la température moyenne de la terre en un lieu déterminé ; elle réside dans le phénomène qui a reçu le nom de variation d’excentricité. L’orbite terrestre, c’est-à-dire la route parcourue par la terre autour du soleil, n’est pas toujours exactement la même. L’ellipse se raccourcit peu à peu, au point de devenir presque circulaire, puis elle s’allonge de nouveau jusqu’à ce qu’elle ait atteint un maximum d’excentricité, à partir duquel elle recommence à se raccourcir. Le laps de temps qui s’écoule entre les deux moments successifs où l’orbite atteint son maximum d’allongement est extrêmement considérable. Pour en donner une idée, rappelons qu’il y a cent mille ans l’excentricité était trois fois plus forte qu’aujourd’hui, et que dans vingt-quatre mille