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duiront jusqu’aux centres nerveux capables de les transformer en la sensation dite de chaleur.

Le mouvement vibratoire résultant des chocs des atomes, et ce dernier n’étant que la conséquence du mouvement rotatoire et translatoire, il est facile d’en conclure que le mouvement vibratoire caractéristique de la chaleur pourra être produit par tous les mouvements de rotation et de translation dont les atomes pondérables ou impondérables sont le siège, et que d’autre part, il pourra lui-même donner naissance à des mouvements rotatoires et de translation. En d’autres termes, il est aisé de conclure de la nature même des mouvements qui caractérisent la chaleur que ces mouvements pourront naître de toutes les autres formes de mouvements des atomes, et qu’ils pourront eux-mêmes se transformer en d’autres mouvements. Ainsi se trouve expliquée la transformation, aujourd’hui mise hors de doute par d’innombrables expériences, de la chaleur en lumière, en électricité, en mouvement de déplacement des corps, etc., et réciproquement, la transformation de la chaleur, de l’électricité, du mouvement, du déplacement des corps, en chaleur.

À l’aide de cette théorie, on explique non moins facilement l’action que la chaleur exerce sur les changements d’état des corps. Il serait trop long d’analyser ici le mécanisme de chacun de ces phénomènes. Je ne veux pas cependant quitter ce sujet sans en avoir donné une idée suffisante. Je ne puis mieux faire pour cela que de citer les paroles très concises et très nettes de M. Félix Marco. « La théorie mécanique de la chaleur nous enseigne, dit-il[1] : 1o qu’il existe une température relative directement proportionnelle à la quantité de chaleur actuellement libre dans un corps[2] ; 2o que la chaleur d’un corps ne peut diminuer indéfiniment ; mais qu’il existe une température dite zéro absolu, au delà de laquelle, la température ne peut plus diminuer ; 3o qu’à la température du zéro absolu le volume des corps n’est point nul, mais qu’il a une valeur déterminée, laquelle, comme la température, n’est plus susceptible de diminution[3].

» Si la chaleur est un mouvement vibratoire des particules éthérées des atomes tourbillons, qui prend sa source dans leurs chocs réciproques en conséquence de leur mouvement de translation, on comprend parfaitement : 1o qu’il doit y avoir une température relative, proportionnelle à la quantité de chaleur libre actuellement contenue dans le corps, c’est-à-dire à la quantité de mouvement vibratoire de ses atomes tourbillons ; 2o que, dès que tout mouvement de translation cesse dans les atomes tourbillons, quand leur mouvement rotatoire devient très grand, il n’y aura plus de chocs, et par conséquent, plus de mouvement vibratoire, c’est-à-dire plus de chaleur ;

  1. Loc. cit., p. 26.
  2. Hirn, Théorie mécanique de la chaleur, p. 100.
  3. Hirn, Annales de chimie et de physique, 1867, t. XI, p. 45.