Page:Buffon - Œuvres complètes, éd. Lanessan, 1884, tome I, partie 1.pdf/332

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rables des corps changent de position sous l’influence des courants électriques. Le changement de position détermine le son constaté par de la Rive, et les corps dits magnétiques seraient ceux dont les atomes offriraient cette faculté de changement de position à un degré assez prononcé pour qu’elle soit facilement mise en jeu. Si nous appliquons ces données à la théorie des atomes tourbillons, nous pouvons admettre facilement avec M. Marco[1] que « la magnétisation consiste dans l’orientation des axes de rotation des atomes tourbillons des corps magnétiques, dans la direction parallèle à l’axe de la spirale magnétique ; de sorte qu’un aimant serait un corps dont les atomes tourbillons ont une orientation commune telle que leurs axes sont parallèles à l’axe de l’aimant et que leurs rotations se font dans le sens des courants moléculaires d’Ampère. Ces fameux courants moléculaires se réduiraient donc à des atomes tourbillons. Le caractère des métaux magnétiques consisterait donc en ce que leurs atomes tourbillons sont susceptibles d’une orientation très prononcée. Je dis très prononcée parce que le magnétisme est une propriété générale des corps, laquelle, ainsi qu’il en est de toutes les propriétés de la matière est plus saillante chez quelques-uns d’entre eux. » M. Marco ajoute : « Une telle hypothèse rend compte de tous les phénomènes du magnétisme aussi bien que celle d’Ampère, sans avoir les difficultés que cette dernière nous présente. De plus, elle rend une raison claire d’une foule d’autres phénomènes qui deviennent autant de preuves concluantes de la vérité. » Il montre alors qu’elle fournit l’explication des sons produits par le fer magnétisé et celle de l’allongement de la barre de fer de Grove. Elle explique aussi pourquoi ni réchauffement, ni la pression, ni la tension, ni aucune autre action mécanique ne peuvent produire la magnétisation, tandis que ces actions la diminuent ou la détruisent en modifiant l’orientation magnétique des axes des tourbillons. Elle montre que si la tension diminue le magnétisme des barres magnétiques, cela est dû à ce qu’elle altère l’orientation des axes des tourbillons, tandis que la magnétisation diminue la tension d’un fil de fer ou d’acier en rendant parallèles les axes d’orientation des atomes tourbillons, etc.

Mais il importe d’expliquer pourquoi la magnétisation rend les axes de rotation des tourbillons de la barre magnétisée parallèles à l’axe de cette barre et pourquoi elle imprime aux tourbillons une rotation dans le sens des courants d’Ampère.

Un premier fait peut servir de base à cette recherche. On sait que quand on fait passer un courant électrique à travers un fil de fer, ce dernier rend un son analogue à ceux que nous avons signalés à propos des barres ou des fils de fer doux que l’on magnétise par le solénoïde. Il est naturel d’en conclure que le passage du courant à travers le fil de fer modifie la position de

  1. Traité de l’électricité, t. Ier, p. 109.