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Quant aux phénomènes sonores, caloriques, lumineux, chimiques, qui accompagnent les phénomènes électriques et magnétiques, ils sont bien faciles à interpréter si l’on songe que toute modification dans la position et le mouvement rotatoire des atomes tourbillons est nécessairement accompagnée de chocs de ces atomes soit les uns contre les autres, soit contre les atomes de l’éther, et par conséquent de vibrations caloriques qui elles-mêmes modifient le mouvement de translation des atomes, les écartent ou les rapprochent, les choquent, les disjoignent ou les associent.

Il résulte de ce qui précède que tous les prétendus fluides ou forces des anciens physiciens, la chaleur, la lumière, le son, l’électricité, le magnétisme, se réduisent à des mouvements de la matière, mouvements susceptibles de se transformer les uns dans les autres, mais aussi indestructibles que la matière elle-même.

Gravité et attraction. Il nous reste à parler de la gravité ou pesanteur et de l’affinité chimique et des autres prétendues « forces attractives » des physiciens et des chimistes.

Avec la théorie de l’éther et des atomes tourbillons rien n’est plus facile à expliquer que les prétendues attractions des corps.

Supposons qu’il n’existe dans l’univers qu’un seul atome tourbillon A, environné d’éther ; il déterminera nécessairement par sa rotation autour de son axe une agitation de l’éther, un refoulement des atomes éthérés libres, se propageant à l’infini autour de son centre et décroissant du centre à la périphérie avec le carré des distances, de telle sorte que la densité de la masse agitée va en décroissant de la périphérie au centre. Supposons maintenant qu’un deuxième atome tourbillon, B, existe dans la masse de l’éther ; comme la sphère d’action du premier est illimitée, le deuxième atome tourbillon se trouvera nécessairement situé dans cette sphère. La quantité de matière et par suite la résistance que rencontre l’atome tourbillon B, étant moindre du côté de A, qui est à une distance finie, que de tous les autres côtés où la matière s’étend à l’infini, l’atome B subira une pression extérieure le poussant vers l’atome A. Les deux atomes se rapprocheront ainsi jusqu’à ce qu’ils soient arrivés au contact, ou plutôt jusqu’à ce qu’il se produise un choc qui imprimera à l’un et à l’autre un mouvement de translation dans l’espace. « De cette analyse, dit Secchi[1], à qui j’ai emprunté l’exemple ci-dessus, il ressort que deux atomes ou deux molécules en mouvement au sein d’un milieu constitué comme il a été dit (formé d’éther) ont une tendance réciproque au rapprochement, non en vertu d’une force intérieure, mais à cause de l’inégale résistance au mouvement que présente le milieu dans les divers sens dès l’instant où le centre agissant n’est plus unique. Dans ces conditions, il se produit ce que l’on appelle une attraction. Toutes les causes capables

  1. L’unité des forces physiques, p. 539.